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LE THERMALISME
III
" C'est bien curieux, va, l'endroit d'où je t'écris. Imagine une salle carrée, très haute, dallée, stuquée, sonore ou le jour de deux grandes fenêtres est voilé de rideaux bleus, obscurcie par une sorte de buée flotante à goût de souffre. La dedans, des gens assis contre les murs, sur des bancs, des chaises... Des gens qui regardent leur montre à toute minute, sortent pour cèder leur place à d'autres. Pas de bruit malgré ce mouvement, un continuel murmure de conversation à voix basse, de journaux déployés, de mauvaises plumes oxydées, grinçant sur du papier en un recueillement d'église, baigné, rafraichi par le grand jet d'eau minérale installé au milieu de la salle et dont l'élan se brise comme un disque métallique, s'émiette, s'éparpille en jaillicement , se pulvérise au-dessus de larges vasques supperposées et ruisselantes: c'est la salle d'inhalation. "
( Alphonse Daudet, le 2 août 1872 )
" Les masseurs tout nus comme des babouins sous leur couverture de laine "
A. Daudet
Les inhalations froides ont été inventées par le docteur Bernard Nièpce, médecin de la station en 1852. Il est le neveu de Nicéphore Nièpce, l'inventeur de la photographie. Il fait connaître Allevard par ses chroniques médicales publiées dans le Figaro. Les inhalations froides sont bien adaptées à Allevard et efficaces pour le traitement des maladies de l'appareil respiratoire.
Un coin du parc
Fête des ombrelles décorées de fleurs (Août 1912)
Toujours dans le parc, vers 1920, après la révolution de 1917, le chalet Russe est le magasin de souvenirs d'un émigré.
Le nouvel établissement thermal de 1894, illustré par l'affichiste Baylac. Allevard, 1895-1900
A suivre.
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LE THERMALISME
II
Les dames de compagnies de la reine Ranavanola III de Madagascar (1862-1917) en 1900. Elle vient d'Alger où elle a été exilée par le général Gallieni après la colonisation de"la grande île" par la France en 1860.
" La nymphe de l'endroit, tablier blanc, les mains ruisselantes, remplit à la mesure voulue les verres qu'on lui tend... Les chanteuses et les chanteurs se donnent rendez-vous ici. "
(Alphonse Daudet, août 1879)
Salle de pulvérisation. " Comme une voiture marche à l'essence, les muqueuses respiratoires marchent au souffre. L'eau d'Allevard est une eau sulfurée calcique froide. Elle libère à son émergence, au griffon, ses deux principaux constituants: L'hydrogène sulfuré et le gaz carbonique.
Un moment de détente sous la fraicheur des arbres de l'établissement termal, vers 1900.
( C'est sur l'un de ces bancs, qu'en 1955, j'ai échangé le premier baiser avec un ange qui allait illuminer ma vie. )
C'est une clientèle de gens aisés. Le patient à souvent choisi Allevard-les-Bains sur des critères extra-médicaux de réputation et de mode. Cependant, à partir de cette époque, le thermalisme se médicalise.
A suivre
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LE THERMALISME
I
Alphonse Daudet (1840-1897). Il était curiste à Allevard, en 1889, où il écrivit le livre " Numa Rounestan " dans lequel il décrit sa propre expérience. Pamis les visiteurs célèbres citons: Ranavalona III (dernière reine de Madagascar). Benoit XV (pape en 1914). Stendal, Berlioz, Nadar (photographe) Colette, Messenet, Nicéphore Nièpce (inventeur de la photographie.) Marconi, (inventeur de la tsf), les frères Lumière (inventeurs du cinéma), Berlioz (Estelle, la "Stella Montis" qu'il aima et chanta étant originaire d'Allevard, etc.
Henri Beyle dit Stendhal, (1783-1841). Il vient souvent voir, à Allevard, son ami Louis Barral (1788-1835). Dans "Mémoire d'un touriste", il décrit son arrivée à Allevard: " J'arrive horriblement fatigué. J'ai mis six heures pour grimper à Allevard. On remonte la rive gauche de l'Isère, puis on se lance à droite dans la montagne en suivant une gorge bien autrement grandiose que tout ce que nous voyons à cinquante lieues de Paris. A tous les quarts de lieue, on ressent la sensation de s'arrêter une heure."
En 1791, on découvre à Allevard sur les bords du Bréda, une "source d'eau noire et malodorante". Le thermalisme venait de naître. En 1837, le premier établissement thermal est créé; le bâtiment de "seconde classe" est construit de 1892 à 1898. " Dans la cour à côté, séparées de la route par un mur bas, des têtes dont on ne voit pas les corps, se renversent en arrière, contorsionnées d'efforts, grimaçantes au soleil, la bouche grande ouverte. Une illustration de l'Enfer de Dante, les damnés du gargarisme." (A. DAUDET, août 1879 )
Dans le parc de l'établissement thermal, les porteurs vont chercher certains curistes aisés et les ramènent, après leur traitement, dans des chaises à porteurs à leur hôtel.
Dans le parc, départ pour une promenade à mulets, le 19 septembre 1919.
A SUIVRE
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LES TRANSPORTS
Première voiture appartenant à monsieur Clérin qui était maître de forge et maire du village en 1904.
Autocar Berlier, 1920. Le canton d'Allevard a été longtemps isolé. jusqu'au XIXe siècle, les liaisons avec le Grésivaudan et la Savoie ne peuvent se faire que par chemin muletier. Direction Grenoble, la route Allevard-Goncelin n'est ouverte qu'en 1843. Celle de Détrier se heurta longtemps à une opposition du Conseil Général de l'isère " qui n'en voyait pas l'intérêt " ne sera ouverte qu'en 1860.
Voiture-autocar touristique: Allevard-les-Bains-le Curtillard, en 1919.
La compagnie de tramvays PLA ( Pontcharra-La Rochette-Allevard ) a été fondée en 1894. D'une longueur totale de dix-sept km, ce tramway à vapeur donne la plus grande satisfaction.
Le trafic scucité par la station thermale a nécessité la construction d'une nouvelle gare aux dimentions importantes en 1910. Lorsque enfant j'emmenai notre chèvre Blanchette se nourrir d'herbe tendre, maman ne me disait pas "fais attention aux voitures", " mais fais attention au train."
Arrivée en gare d'Allevard-les-Bains d'une personnalité importante, le 17 Août 1903.
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LES HÔTELS
Hôtel de la terrasse. "Sur les bords de la terrasse, on rencontre une vue splendide. Le torrent descend du fond de la gorge, et passe sous l'élégant pont de fer du parc, du château. Les eaux glissent rapides au milieu des frais ombrages du parc, se brisent avec fracas sur les roches qu'il a roulées, bouillonnent en précipitant leurs courses et bondissent sous vos pieds pour aller finir au loin dans la vallée" ( Docteur Bernard Niepse, 1850 )
La publicité souligne le confort des hôtels: L'eau courante et la lumière électrique dans les chambres. Un des premiers réseaux français de distribution d'électricité au public a été réalisé à Allevard, par le maire, en 1897. L'utilisation d'une lampe de 10 bougies coûtait forfaitairement 15 francs pour l'année.
L'hôtel du commerce fut le premier lieu de projection de films cinématographiques à Allevard les Bains, en 1920. Les frères Lumière qui ont inventé le cinéma en 1895 étaient des curistes assidus. Louis Lumière était photographe ambulant dans le parc, pendant que son frère Auguste faisait la cure entre 1880 et 1883.
Mais parmi les destructions qui m'ont fait mal car il me semblait que ces lieux étaient une partie de l'âme de ma belle petite ville, il y avait ce lavoir collectif, lieu de rendez-vous priviligié des allevardives qui échangeaient les nouvelles du pays.
La maison du peuple, démolie en 1071 ! Ce vieux bâtiment était un couvant au XVIIIe siècle. C'est en 1904, au moment de la séparation de l'Eglise et de l'Etat que cette construction est appelée " Maison du peuple ". Longtemps école publique, puis école de musique. Après la classe, j'allais quelquefois apprendre le solfège, mais l'hivers, comme il faisait nuit en sortant, j'avais une peur bleu pour parcourir les 2 km qui me séparaient de la maison. D'autant plus peur que, comme tous mes copains copines, nous redoutions de ce retrouver face à face avec le POINTU et le CAQUETEU, deux vieillards pourtant inoffensifs.
A Suivre...
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