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Le Zodiaque
Qu'est-ce donc que ta roue à côté de la mienne ?
De quelque point du ciel que la lumière vienne,
Elle se heurte à moi qui suis le cabestan
de l'abime, et qui dit aux soleils: Toi va-t-en !
Toi, reviens. C'est ton tour. Toi, sors. Je te renvoie !
Car je n'existe pas seulement pour qu'on me voie
à jamais, dans l'azur farouche et flamboyant.
Le taureau, le Bélier et le Lion fuyant
devant ce monstrueux chasseur, le Sagittaire,
Je plonge un seau profond dans la nuit du mystère,
Et je suis le rouage énorme d'où descend
L'ordre invisible au fond du gouffre éblouissant.
La voie Lactée
Millions , millions, et millions d'étoiles !
Je suis, dans l'ombre affreuse et sous les sacrés voiles,
La splendide forêt des constellations.
C'est moi qui suit l'amas des yeux et des rayons,
L'épaisseur inouïe et morne des lumières.
Encor tout débordant des effluves premières,
Mon éclatant abime est votre source à tous.
O les astres d'en bas, je suis si loin de vous
Que mon vaste archipel de splendeurs immobiles,
Que mon tas de soleils n'est, pour vos yeux débiles,
Au fond du ciel, désert lugubre où meurt le bruit,
Qu'un peu de cendre rouge éparse dans la nuit.
Toi, Zodiaque, vous, comètes éperdues,
Tremblants vous traversez les blêmes étendues,
Et vos bruits son pareils à de vagues clairons,
Et j'ai plus de soleils que vous de moucherons.
Mon immensité vit, radieuse et féconde.
J'ignore par moment si le reste du monde
Errant dans quelque coin du morne firmament,
Ne s'évanouit pas dans mon rayonnement.
Les Nébuleuses
A qui parles-tu, flocon lointain qui passes ?
A peine entendons-nous ta voix dans les espaces.
Nous ne te distinguons que comme un nimbe obscur
Au coin le plus perdu du plus nocturne azur.
Laisse-nous luire en paix, nous, blancheurs des ténèbres,
Mondes spectres éclos dans les chaos funèbres,
N'ayant ni pôle astral ni pôle boréal;
Nous, les réalités vivant dans l'idéal,
Les univers, d'où sort l'immense essaim de rêves,
Dispersés dans l'éther, cet océan sans grèves
Dont le flot à son bord n'est jamais revenu;
nous les créations, îles de l'inconnu !
L'infini
L'être multiple vit dans mon unité sombre.
Dieu
Je n'aurais qu'à souffler, et tout serait de l'ombre.
28 novembre 1853
9 commentaires -
J'entends parler l'atome. Allons, Soleil, poussière,
Tais-toi ! Tais-toi, fantôme, espèce de clarté !
Pâtres dont le troupeau fuit dans l'immensité,
Globes obscures, je suis moins hautain que vous n'êtes.
Te voilà-t-il pas fier,ô grandeur des planètes,
Pour sept ou huit moutons que tu pais dans l'azur !
Moi, j'emporte en mon orbe auguste, vaste et pur,
Mille sphères de feu dont la moindre à sept lunes.
Que me sert de briller auprès de ce néant ?
L'astre nain ne voit pas l'astre géant.
Aldebaran
Sirius dort; je vis ! C'est à peine s'il bouge ;
J'ai trois soleils, l'un blanc, l'autre vert, l'autre rouge;
Centre d'un tourbillon de mondes effrénés.
Ils tournent, d'une chaine invisible enchainée,
Si vite, qu'on croit voir passer une flamme ivre,
Et que la foudre dit: Je renonce à les suivre !
Arcturus
Moi, j'ai quatre soleils tournants, quadruple enfer,
Et leur quatre rayons ne font qu'un seul éclair.
La comète
Place à l'oiseau comète, effroi des nuits profondes!
Je passe. Frissonnez ! Chacun de vous, ô mondes,
Ô soleils ! n'est pour moi qu'un grain de sénevé !
Septentrion
Un bras mystérieux me tient toujours levé.
Je suis le chevalier à sept branches du pôle
Comme des fantassins le glaive sur l'épaule.
Mes feux veillent au bord du vide où tout fini;
Les univers semés du nadir au zénith.
Je suis Septentrion qui sur vous apparait.
Sirius avec tous ses globes ne serait
Pas même une étincelle en ma moindre fournaise.
Entre deux de mes feux cent mondes sont à l'aise.
J'habite sur la nuit les radieux sommets.
Les comètes de braise elle-même jamais
N'oseraient effleurer des flammes de leurs queues
Le chariot roulant dans les profondeurs bleues.
Cet astre qui parlait, je ne l'aperçois pas.
Les étoiles des cieux vont et viennent là-bas,
Trainant leurs sphères d'or et leurs lunes fidèles,
Et, si je me mettais en marche au milieu d'elles
Dans les champs de l'éther à ma splendeur soumis,
Ma roue écraserait tous ces soleils fourmis.
A suivre
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T'accablent, noir passant d'infirmités sans nombre,
Et, vieux, tu n'es qu'un spectre, et, mort, tu n'es qu'une ombre.
Tu t'en vas dans la cendre, et moi je reste au jour;
J'ai toujours le printemps, l'aube, les fleurs, l'amour;
Je suis plus jeune après des millions d'années
J'emplis d'instincts rêveurs les bêtes étonnées.
Je peuple l'air, la flemme et l'onde, et mon haleine
fait, comme l'oiseau-mouche, éclore la baleine;
Comme je fais le ver, j'enfante les typhons.
Globe vivant, je suis vêtu des flots profonds,
Des forêts et des monts ainsi que d'une armure.
Saturne
Qu'est-ce que cette voix chétive qui murmure ?
Terre, à quoi bon tourner dans ton champs si borné,
Grain de sable, d'un grain de cendre accompagné ?
Moi, dans l'immense azur je trace un cercle énorme;
L'Espace avec terreur voit ma beauté difformes;
Mon anneau, qui des nuits empourpre la pâleur,
Comme les boules d'or que croise le jongleur,
Lance, mêle et retient sept lunes colossales.
Le Soleil
Silence au fond des cieux, planètes, mes vassales !
Paix ! Je suis le pasteur, vous êtes le bétail.
Comme deux chars de front passent sous un portail,
Dans mon moindre volcan Saturne avec la Terre
entreraient sans toucher aux parois du cratère.
Chaos ! Je suis la loi, je suis le feu.
Contemplez-moi ! Je suis la vie et le milieu,
Le Soleil, l'éternel orage de lumière.
Sirius
J'entends parler l'atome. Allons, Soleil, poussière,
A suivre....
5 commentaires -
L'image d'Antarès montrant qu'il y a toujours plus grand d'un objet à l'autre, m'a fait souvenir d'un dialogue de Victor Hugo, (Abime) dans la légende des siècles écrit en novembre 1853.... En attendant Noël, jour après jour, je transcrirai ce poème qu'll écrivit, toujours debout, à l'âge de 51 ans. en voici le début:
L'homme :
Je suis l'esprit, vivant au sein des choses mortes.
Je sais forger les clefs quand on ferme les portes:
Je fais vers le désert reculer le lion;
Je m'appelle Bacchus, Noé, Deucalion;
Rien sans moi ! La nature ébauche: Je termine.
Terre, je suis ton roi.
La Terre
Tu n'es que ma vermine.
Le sommeil, lourd besoin, la fièvre, feu subtil,
Le ventre abject, la faim, la soif, l'estomac vil,
A suivre
7 commentaires -
Antarès est une supergéante en fin de vie. Son diamètre est 883 fois celui du Soleil, soit un volume 690 millions de fois plus élevé que lui. Ramenée au systhème solaire, elle engloberait largement l'orbite de Mars. Sur cette image, le Soleil n'est qu'un point minuscule par rapport à la supergéante....
Pardon de vous avoir inquiété, je suis guéri... Bon dimanche
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